La balance Dilema
Depuis des siècles, les apprentis maréchaux-ferrants apprennent comment obtenir l'équilibre dans le pied du cheval. L’enseignement des principes d’équilibrage varie grandement d’un enseignant à l’autre et d’une école à l’autre, ce qui induit un problème inhérent : une multitude de points de référence difficiles à définir et laissées à l’interprétation de l’apprenti. Obtenir un pied équilibré ne peut être comparée à la mécanique ou aux mathématiques ; il ne s’agit pas de simplement compléter une formule ou les étapes tâche, car il y a peu de véritables absolus sur le pied du cheval. Obtenir un pied correctement équilibré dépend de la capacité de chacun à prendre en référence correctement une multitude de facteurs. Bien que chaque dimension énumérée par la tradition a été définie comme un absolu, la plupart sont une interprétation erronée du véritable équilibre. L'angle du sabot est une de ces dimensions qui a été mal interprétée. Dans le but de justifier ce qui a été interprété comme un absolu, divers dispositifs de mesure ont été conçus. Le maréchal-ferrant commence alors à s’appuyer sur de tels dispositifs et perçoit la lecture du compas d’angle, des divisions, du T d’équerre et du réglet, comme le moyen d'atteindre l'équilibre absolu. Mais comment est-il possible d’affirmer que l'angle du sabot est un absolu tout en s’attendant à ce que chacun de ceux qui utilisent un dispositif faisant appel à des points de référence non ou mal définis parviennent à l’atteindre ? Le compas d’angles et le compas à pointes, par exemple, utilisent des points de référence vagues ; par conséquent, tout absolue perçu par l’utilisateur est basé uniquement sur l’interprétation personnelle que fait l’utilisateur de ces points. Exemple: le compas à pointes utilisent la jonction peau/bourrelet coronal, et le compas d’angle la paroi dorsale et la sole, tous points qui peuvent tous être déviés, déformés au point que le seul absolu qui peut être affirmé est qu’aucune des ces mesures ne peut être déterminée avec précision avec ces outils traditionnels. En outre, traditionnellement, on nous apprend à utiliser des références angulaires externes pour nous guider dans l’équilibrage du pied. Nous connaissons tous cette règle traditionnelle qui dit que l’angle de l’épaule doit être le même que celui du paturon qui doit être le même que celui de paroi dorsale de sabots. Cette règle peut-elle être absolue si on prend en considérations les défauts de conformation qui affectent la plupart des chevaux ? Selon quel angle devrait être parés les postérieurs, du fait qu’il n'y a pas d’épaule à laquelle se référer pour ces membres ? Qu’en est-il ainsi de la relation angle de paroi dorsale/angle des talons, de celui du bourrelet coronal par rapport au sol, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite ?
Il est vrai qu’avec des années de pratique et d‘expérimentation, le maréchal peut parvenir à obtenir un équilibre relatif du pied. Voilà ce qu’on entend souvent en guise de défense du commerce la maréchalerie traditionnelle : “ Laissez cela aux experts ; il faut beaucoup de temps pour apprendre ce qui est nécessaire pour obtenir le bon équilibre du sabot. " Il y des maréchaux-ferrants qui ont la capacité d”interpréter ou de “lire” un sabot, et sont capables d’obtenir de façon constante et régulière un équilibre statique. Mais la plupart de ces maréchaux-ferrants admettront souvent de bonne grâce qu’il leur aura fallu de nombreuses années pour y parvenir, et le pourcentage de ceux qui n’y parviennent jamais est écrasante à mon avis. Tout comme nous avons vu une interprétation erronée des nombreuses théories de l‘équilibre naturel qui sont pratiquées, la façon traditionnelle d’équilibre est encore plus fondée sur des interprétations erronées. En laissant tant de variables sujettes à l’interprétation individuelle, il est peu étonnant qu’il soit toujours si difficile de définir le bon équilibrage du pied. À mon avis, la vraie définition de l'équilibrage est qu’un pied est équilibré quand toutes les fonctions du pied sont en équilibre dynamique les unes par rapport aux autres (homéostasie), ce qui engendre le développement des structures correctes, et un cheval sain capable de d’exécuter toutes les allures sans asymétrie.
traduction par: Xavier Meal, DAEP
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